mercredi 2 octobre 2013

Qui es-tu?

Tu sais, petit homme, je voudrais savoir qui tu es. Je sais comment tu t’appelles. Je sais combien tu pèse et combien tu mesure. Je connais la couleur de tes yeux et de tes cheveux. Mais, beaucoup de monde connaît ça de toi. Moi, je voudrais te connaitre toi, en dedans. Ça fait déjà quelques mois que tu es dans ma vie. Je suis avec toi tous les jours, toutes les heures de la journée. Tu fais même dodo dans ma chambre. Mais, j’ignore toujours tout de toi.
Je suis ta maman, le sais-tu?  M’aimes-tu plus que tu aimes les autres? Reconnais-tu ma voix et mon odeur? Aime tu lorsque je te caresse les cheveux ou lorsque je te bombarde de bisou? C’est si dur! J’aimerais percer ton regard et comprendre ce qui s’y passe. J’aimerais lire derrière ces petits yeux, qui me regardent sans aucune expression, tout le temps.  Les gens me trouvent chanceuse parce que tu ne pleures pas beaucoup.   Sais-tu à quel point j’aurais voulu que tu pleures!  Que tu me dises ce que tu aimes ou n’aimes pas.  Que tu m’adresses un sourire lorsque je te prends dans mes bras. Que par tes réactions, je sache comment agir avec toi.
Je suis ta maman, tu es mon fils. Je m’occupe de toi comme le fait une maman. Je fais les toutes ces choses que font les mamans. Et je les regarde, ces chanceuses, qui sont récompensées par leurs bébés qui ne sont encore que des poupons. Avec toi, toute la journée c’est le même visage, les mêmes yeux.  Mais, je me dis que toi aussi, un jour, tu me souriras, pour de vrai. Les gens font des galipettes énormes pour te faire sourire, et lorsque ta bouche se soulève, par réflexe, ils crient que tu as ri, que tu es crampé! C’est bien! Ca leur fait du bien, ça les convainc que tu es normal, que tu peux rire toi aussi. Et c’est vrai, mais tu as ta vitesse à toi.
Je suis réaliste face a toi, parce que ça me fait moins mal comme ça. Avoir trop d’attente me tuerait. Je suis ta maman, après tout, ce n’est pas pour les autres que c’est douloureux de ne pas avoir de retour de ta part. Je sais qu’un jour, tu seras Monsieur Sourire.  Je me réjouirai rendu là.

 C’est bien la première fois que j’aime autant quelqu’un que je ne connais pas!
 

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